Selon Patanjali, tout plaisir engendre la souffrance.
Pourquoi ce ton si péremptoire ? Pour nous alerter sur le mécanisme.
पिरणामतापसं*ारदुःखैगु1णवृि5िवरोधा9 दुःखमेव सव;िववेिकनः॥१५॥
pariṇāma tāpa saṁskāra duḥkhaiḥ guṇa-vrtti- ̥
virodhācca duḥkham-eva sarvaṁ vivekinaḥ
Patanjali, Yoga-Sûtra
II-15
A la lecture du sutra n°15 du chapitre Sadhana Pada, le sage Patanjali nous invite à expérimenter la relation entre les plaisirs sensoriels et la souffrance. Le texte qui suit est une libre interprétation du sujet, il ne prétend pas en être une explication ni encore moins une analyse.
LE POÈTE
Puisque l’oiseau des bois voltige et chante encore
Sur la branche où ses œufs sont brisés dans le nid ;
Puisque la fleur des champs entr’ouverte à l’aurore,
Voyant sur la pelouse une autre fleur éclore,
S’incline sans murmure et tombe avec la nuit,
Puisqu’au fond des forêts, sous les toits de verdure,
On entend le bois mort craquer dans le sentier,
Et puisqu’en traversant l’immortelle nature,
L’homme n’a su trouver de science qui dure,
Que de marcher toujours et toujours oublier ;
Puisque, jusqu’aux rochers tout se change en poussière ;
Puisque tout meurt ce soir pour revivre demain ;
Puisque c’est un engrais que le meurtre et la guerre ;
Puisque sur une tombe on voit sortir de terre
Le brin d’herbe sacré qui nous donne le pain ;
Ô Muse ! que m’importe ou la mort ou la vie ?
J’aime, et je veux pâlir ; j’aime et je veux souffrir ;
J’aime, et pour un baiser je donne mon génie ;
J’aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie
Ruisseler une source impossible à tarir.
Illustration : Charles Landelle
J’aime, et je veux chanter la joie et la paresse,
Ma folle expérience et mes soucis d’un jour,
Et je veux raconter et répéter sans cesse
Qu’après avoir juré de vivre sans maîtresse,
J’ai fait serment de vivre et de mourir d’amour.
Dépouille devant tous l’orgueil qui te dévore,
Cœur gonflé d’amertume et qui t’es cru fermé.
Aime, et tu renaîtras ; fais-toi fleur pour éclore.
Après avoir souffert, il faut souffrir encore ;
Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé.
Alfred de Musset
En exergue du sujet, notons que la voie du Yoga nous indique comment éviter les désordres émanant de ces souffrances. En accord avec notre sensibilité européenne basée sur un solide héritage issu de la sagesse Antique, nous considérons quatre vertus dites cardinales adoptées par Aristote et les stoïciens : Prudence, Tempérance, Force d’âme, Justice. Ces quatre piliers représentent les fondements sur lesquels s’édifient les valeurs morales nécessaires pour affronter les épreuves. Ces vertus sont également présentes dans le Livre de Salomon de l’Ancien Testament
La Prudence se rapproche du Discernement présent dans les Sutras de Patanjali
La Tempérance peut être comparée à la maitrise de soi et l’équilibre personnel proposés dans le Yoga
La Force d’âme donne le courage d’avancer et de relever les défis sans crainte
La Justice tranche de son épée l’égoïsme et l’auto satisfaction
Raphaël 1511 Palais pontifical, Vatican
Yoga Sûtra chanté & traduction française – Yoga Ekongkar
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