L'homme au chapeau melon face au miroir
Clé de musique
LAV SHARMA

Lav SHARMA
                            Mantras de guérison
CD disponible au Centre Tapovan

S’il fallait placer le produit sur une gondole de Super Marché du Bien Vivre, à n’en pas douter le Développement Personnel serait au centre des étals. Il est temps de nous positionner clairement sur le sujet. Sous cette appellation se cachent pêle-mêle toutes les techniques imaginables afin de mieux vivre avec soi-même. Alors peut-on considérer le Yoga comme l’une d’elles ?
La réponse est simple : non, mais le pourquoi est plus complexe. En fait, au cœur du sujet se situe le Soi, ce qui mérite une véritable explication. Les techniques du développement personnel proposent une sorte d’amélioration de soi-même. Or le Soi est parfait. Nous pourrions nous arrêter là et nous recentrer sur la vraie question qui est de cheminer vers Soi.

Mais reprenons au début. Le terme « Développement » tout d’abord, qui sous tend l’idée d’amplification, de croissance, de déploiement, le tout lié au concept d’évolution. Ce qui exprime la notion d’un changement actif afin de devenir meilleur. Le mot « Personnel » nous propose quant à lui, de nous focaliser sur l’action individuelle reliée à ce qui nous est propre, en tant qu’individu distinct de tous les autres. Notre personne est invitée à s’enrichir d’aptitudes spécifiques la rendant « aimable » à la vue des autres qui en sont plus ou moins dépourvus, faute d’un travail agissant sur eux-mêmes.

Pour résumer ces quelques phrases par une image, je vous propose celle du vieux sadhu assis sur son rocher : est-elle à votre avis suffisamment éloquente ? Pensez-vous que ce que cet homme incarne les principes du Développement Personnel ?
En parallèle je vous encourage à regarder les images collectées sur internet qui ventent les mérites de tel ou tel établissement proposant leurs services en la matière.
yogi sur un rocher

Le nœud de ce problème, qui peut apparaitre comme une simple dialectique, s’exprime à travers la recherche des vertus à acquérir. La proposition du développement des compétences laisse entendre que la personne deviendra plus intelligente, plus puissante, plus savante, plus riche, plus rayonnante, plus heureuse etc…. que l’autre.
Nous pouvons reprendre une à une ces « aptitudes développées » dans un scénario à la gloire de l’esprit positif et comprendre que l’individu livré aux entreprises mercantiles d’une société en perte de valeurs, se condamne à ne développer que son égo. L’affirmation démesurée de ce que l’on considère être comme « notre valeur individuelle propre et unique » ne peut conduire que dans l’abime. Le culte de la « petite personne » exprime une grande fragilité qui se conclue dans le non amour de soi.

photo ego
L’image de Narcisse, dans l’approche psychanalytique, présente un être qui n’aime que lui ; il est désœuvré et fragile parce qu’il ne contemple qu’un reflet. Cependant, une autre analyse amène un éclairage nouveau.
Jules-Cyrille_Cave_-_Narcissus,_1890

Cette relecture du mythe de Narcisse nous invite à considérer son refus d’aimer sensuellement un être extérieur à lui-même, comme un parcours initiatique. Narcisse aime rester seul. Il est en quête de son Soi véritable, inaltérable et sublime au-delà de toutes les apparences.  Il écoute sa voix intérieure qui l’invite à contempler son âme, se battre pour sa liberté, refuser le banal afin de préserver son intégrité.
Il dédaigne les plaisirs sensoriels dans un rejet sauvage Il repousse tout compromis qui pourrait entraver sa démarche. « Je ne concède à personne » le « nulli concedo » cher à Erasme qui aimait citer les paroles du dieu Terminus, représentant le terme de la vie humaine.

Comprenons que toute tentative d’augmenter notre potentiel personnel, nous éloigne de la réalité ultime de l’infini à l’intérieur de chacun. Si l’étude, l’instruction, l’apprentissage, le travail régulier représentent les fondements d’une vie honnête, ils doivent se réaliser en parallèle d’une démarche qui consiste à se débarrasser du superflu ; Accepter la solitude comme une force, une chance d’accomplissement.

C’est là qu’interviennent les techniques proposées soit par le yoga ou autre afin de faire connaissance avec Soi. Le choix qui s’offre est simple. Toute idée d’acquisition débouchant sur une impasse, il convient de privilégier une voie de dépouillement. Cette voie peut prendre le visage d’une philosophie, d’une sagesse ou d’une religion, démarches centrées sur la connaissance ancestrale issue de la Tradition transmise. C’est là encore un point primordial. Notre société moderne à force de défi, a augmenté sa puissance technologique, mais rien, absolument rien d’essentiel n’a été découvert sur la condition humaine. La plus grande vigilance doit être requise envers toutes les techniques non enracinées dans les textes de références anciennes. 

Il serait tentant de proposer des approches ancrées dans les cultures de chacun, en fonction de son passé, de ses ancêtres. C’est une évidence dans la mesure où il est bien plus aisé de s’instruire dans le cadre défini par nos pères et mères, plutôt que de s’approcher d’une culture éloignée de la nôtre. Cependant, les temps actuels nous permettent d’entrer en contact avec les détenteurs du savoir commun en toute sécurité. Il n’y a aucun problème à se diriger vers une nouvelle culture, l’apprentissage d’une nouvelle langue, la lecture de nouveaux textes, c’est une question de sensibilité. Seul l’enracinement est incontournable, car la Tradition est Une. 
Cercle des religions
Crédit photos :
Shutterstock – absence d’identité, fran_kie
Shutterstock - Le vieux sadhu, Dmitry Kalinosky
WikimediaCommons – Narcisse, Jules-Cyrille Cavé
WikimediaCommons - Religious circle 
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